Homélie de
Monseigneur Gérard Daucourt
évêque île Nanterre |
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Mardi 19 octobre 2004, à St
Etlenne d’Issy-les-Moulinaux
20è anniversaire de la mort du Père Popie³uszko Homélie de
Monseigneur Gérard Daucourt, évêque de Nanterre
Nous le savons, le Père Popieluszko
n'a pas été assassiné parce qu'il s'était déclaré chrétien par des
paroles. Ses ravisseurs ne lui ont pas dit: "Renie le Christ, sinon
nous te tuerons." Le Père Popieluszko a été assassiné parce qu’il a
montré dans sa vie et son ministère de prêtre comment le Christ le
faisait vivre. Il n'a pas seulement dit dans ses sermons: "Je crois au
Christ". Il s'est fait son disciple, et a pris son Evangile au
sérieux. Il n’a pas seulement dit: "Seigneur, Seigneur". Il a Fait la
volonté de Dieu. Il ne sert à rien de discourir sur les méthodes
anciennes ou nouvelles d'évangélisation, si nous ne montrons pas par
notre vie comment le Christ nous fait vivre.
Au jour de son baptême et de son
ordination sacerdotale, le Père Popieluszko a revêtu la tenue de
service dont vient de nous parler l'Evangile de ce jour, service de
l'homme, service de Dieu, car c'est tout un. Il a gardé allumée la
lampe de la foi reçue de ses parents et de sa paroisse, et entretenue
au sein de l'Eglise de Pologne dans l’épreuve.
Ce 19 octobre 1984, l'Eglise
universelle célébrait, comme nous le faisons en ce moment dans cette
liturgie, le martyre de Saint Isaac Jogues et de ses compagnons,
jésuites évangélisateurs du Canada au XVIIè siècle. Saint Isaac Jogues
avait été arrêté et cruellement torturé en 1642, mais avait réussi à
s'échapper. Deux ans après son retour en France, il avait regagné sa
mission pour être tué d'un coup de hache quelques mois après. Pourquoi
est-il reparti, alors qu'il avait pu échapper à ses persécuteurs?
Quelle folie, quelle inconscience! Pourquoi le Père Popieluszko a-t-il
continué de partager les peines et les joies des ouvriers
métallurgistes, pourquoi a-t-il continué de célébrer les messes pour
la patrie et de prononcer ses sermons, alors que se multipliaient des
événements destinés à lui faire peur ou à mettre sa vie en danger?
Quand il a su qu'il était menacé de mort, la possibilité lui a été
offerte de partir à Rome pour suivre des études. Il a décidé de rester
à Varsovie. Pourquoi? Parce qu'Isaac Jogues et le Père Popieluszko
savaient que, quand on revêt la tenue de service de disciple du
Christ, on la garde jusqu'au bout: Soyez comme des gens qui
attendent leur Maître à son retour des noces pour lui ouvrir des noces
pour lui ouvrir dès qu 'il arrivera et frappera à la porte. Heureux
les serviteurs que le Maître, à son arrivée, trouvera en train de
veiller! Notre pourquoi devient donc un "pour qui? ". Et la
réponse est: pour le Christ et, en même temps, pour tout homme
puisque, comme le dit le Concile et comme aime à le répéter le Pape
Jean-Paul II: En s’lncarnant, le Fils de Dieu s'est en quelque
sorte uni à tout homme.
Pour le Christ et avec lui. A cause
du Christ, pour ceux qui ne le connaissent pas, en Amérique du Nord au
XVIIè siècle, ou chez nous, aujourd'hui. A cause du Christ, pour ceux
qui ont peur de la vérité en Pologne, il y a vingt ans, aujourd'hui
chez nous.
Le compagnonnage d'un chrétien avec
le Christ ressuscité et la fidélité a la parole donnée à cause de Lui,
au jour d'une ordination sacerdotale ou d'un mariage chrétien,
chassent toute peur et donnent la force de lutter pour la Justice, la
vérité et la liberté.
Voici pour nous le grand message
des martyrs évangélisateurs du Canada et du Père Popieluszko: ne pas
avoir peur de la vérité, sinon il n'y a pas de liberté. Dans un de ses
serinons, le 31 octobre 1982, le Père Pupieluszko déclarait: Pour
rester un être libre intérieurement, il faut vivre dans la vérité. La
vie dans la vérité, c'est de témoigner autour de soi, de reconnaître
la vérité, la réclamer dans chaque situation. Nous ne sommes pas
directement persécutés, nous ne sommes pas menacés de mort.
Sommes-nous libres pour autant? Le chemin de la liberté s'ouvre
devant celui qui témoigne avec courage, disait le Père
Popieluszko. Il nous en faut, du courage, pour témoigner de la vérité
sur l'homme et sur la vie telle que nous l'enseigne l'Evangile.
Courage de chrétiens catholiques, quand est ignorée ou contestée et
souvent ridiculisés notre défense de toute vie, de la conception à la
mort naturelle. Courage quand le mot mariage a perdu son sens. Courage
de chrétiens quand des étrangers, avec ou sans papiers, sont au milieu
de nous les victimes directes des pays riches exploitant les pays
pauvres. Courage quand le nom de Dieu est utilisé par des dirigeants
chrétiens à des fins belliqueuses ou des musulmans pervertissant
l'Islam pour semer la terreur. La vérité ne change pas, disait encore
le Père Popieluszko, on ne peut pas la détruire par des décisions ou
des lois.
Nous ne partons pas en croisade.
Nous ne condamnons pas notre société française comme si nous n'en
faisions pas partie. Comme chrétiens, nous n'avons pas d'ennemis. Nous
constatons que la vérité sur l'homme et sur Dieu est souvent
persécutée, et donc que l'homme et que la société sont en danger. Nous
nous approchons de tout homme avec respect. Aucune haine no peut nous
habiter. Nous voulons, nous devons défendre la vérité par l'amour.
l'amour en acte. La Parole de Dieu nous l'a rappelé dans la première
lecture de cette messe : Le Christ, en sa personne a tuè la haine. Il
est venu annoncer la Bonne Nouvelle de les paix, Et c'est ce que nous
célébrons dans cette Eucharistie, sacrement de la mort et de la
Résurrection du Christ. Nous demandions le courage de la foi pour
défendre, par nos paroles et nos actes, la vérité qui rend vraiment
libre.
En cette ville qui a su très tôt
lui rendre hommage en lui érigeant une statue, en cette église où nous
rendons grâce pour son témoignage, nous faisons nôtres ces paroles du
Père Popieluszko qui, deux ans avant sa mort, terminalt ainsi un de
ses sermons : Nous prions Dieu de nous donner l’espérance, car
seulement ceux qui sont forts par l'espérance sont capables de
surmonter foutes les difficultés. Nous demandons aussi la jote
intérleure, parce que c'est l'arme la plus puissante contre Satan, qui
lui est tristesse dès son origine. Nous demandons aussi pour nous, de
renoncer à la vengeance et à la haine. La liberté est le fruit dé
l'amour. Amen. |